En septembre 2019, j’ai passé 10 jours en Géorgie.

Avant mon départ, je pensais visiter la Géorgie en long, en large et en travers. J’ai finalement passé une semaine entière en Svanétie, cette région montagneuse située au Nord-Ouest de la Géorgie. Je m’y suis sentie tellement bien que j’ai eu beaucoup de mal à en repartir.

Il faut dire que, la Svanétie, ça se mérite. Une fois qu’on y est, on y reste.

Le voyage vers Mestia, la porte d’entrée de la Svanétie

Tout commence par un atterrissage à 3:50 du matin à l’aéroport de Tbilisi. Oui, ça pique, mais c’était la seule possibilité pour un vol direct depuis Paris. Une fois mon bagage récupéré, je monte dans un taxi pour me rendre au terminal de bus Navtlugi. C’est depuis ce terminal que partent, tous les jours à 7:00, les marshrutkas – sorte de minibus – en direction de Mestia.

De nuit, le terminal – concrètement, un terrain vague en bord de route – est désert. Seuls les chiens errants me tiennent compagnie. A aucun moment toutefois je ne me suis sentie en insécurité. Le terminal ne le restera pas longtemps d’ailleurs (désert) et je prends donc place à bord de la marshrutka.

Le terminal de bus Navtlugi.

Elle se remplit au fur et à mesure, et pas uniquement de passagers. La marshrutka fera également office de livreur : elle transportera jusqu’à Mestia des colis en tous genre ainsi qu’une machine à laver, solidement attachée sur le toit.

La marshrutka, transport de passagers et livraison.

Le trajet durera entre 10 et 11 heures, arrêts compris. Et, les arrêts sont fréquents, toutes les heures et demi, pour le plus grand plaisir de mon estomac et de ma micro vessie.

J’appréhendais un trajet de l’enfer, mais il s’est plutôt bien déroulé. Il faut dire que j’étais dans une sorte de brouillard coloré, mélange des conséquences de la nuit dans l’avion et du plaisir de la découverte. Voyageant seule, j’étais également apaisée par ce sentiment de liberté si particulier que j’ai immédiatement ressenti.

J’ai ainsi somnolé une bonne partie du trajet, n’ouvrant les yeux que pour observer le paysage qui défilait. En fond sonore, les conversations en géorgien des passagers et les talents de DJ du chauffeur.

J’étais la seule touriste à bord de la marshrutka. La communication n’est pas évidente, les autres passagers, tous géorgiens, ne parlant que très peu anglais. J’ai toutefois été prise en charge, un petit groupe veillant à me nourrir à chaque arrêt, en commandant pour moi dans les restaurants au bord de la route. Mon premier petit déjeuner en Géorgie : un plat de viande en bouillon, bien épicé.

Mon premier repas sur le sol géorgien, pour le petit déjeuner.

Je suis arrivée à Mestia en fin de journée, plus que repue.

Mestia et ses tours svanes

Mestia est une petite ville de montagne, très agréable. Elle est organisée autour d’une rue principale, et entourée des montagnes du Grand Caucase et de ses neiges éternelles. Sa particularité : les tours svanes qui s’élèvent partout dans la ville.

C’est un plaisir de s’y promener à l’aube ou en fin de journée. On y respire l’odeur des des pommes et des prunes, trop mures, qui alourdissent les branches des arbres ou jonchent le sol. On y croise des habitants occupés à traire les vaches. Les lumières y créent une atmosphère presque mystique.

Je n’y reste toutefois pas très longtemps. Mestia est surtout le point de départ de plusieurs randonnées, notamment du très apprécié trek de quatre jours entre Mestia et Ushguli.

Entre Mestia et Ushguli, un trek de quatre jours

Le lendemain matin, le rendez-vous est donné au café le plus bobo de Mestia : le Erti Kava coffe shop. Nous sommes cinq filles à prendre le départ du trek, âgées de 21 à 37 ans, 5 nationalités (deux allemandes, une canadienne, une russe / britannique et moi, française). Nous étions trois à nous être rencontrées via le site Caucasus Trekking qui propose une page Find a buddy. Pour les deux autres, rencontrées à Mestia, elles se sont naturellement greffées à notre groupe.

Ce trek de quatre jours est idéal. Il est accessible (dans le sens où, il n’est pas nécessaire d’être sportif de haut niveau pour pouvoir le finir, dans de bonnes conditions), il n’y a aucun risque de se perdre, il est possible de loger en guesthouse à chacune des étapes (ce qui permet d’éviter de transporter le poids d’une tente) et, surtout, les paysages – splendides – varient tous les jours.

La deuxième et la troisième journée offraient les plus beaux panoramas. Je garde notamment un souvenir ému des neiges éternelles, des premières couleurs de l’automne et du Chkhunderi pass.

Mi-septembre, le climat était parfait, ni trop chaud, ni trop froid. Le ciel était dégagé le matin puis se couvrait petit à petit à partir de la fin de matinée. Quelques gouttes de pluie (parfois plus que quelques gouttes) vers 15:00.

Il y avait du monde sur la route, mais sans que cela soit gênant. L’ambiance entre randonneurs était plutôt familiale. A force de se croiser sur le chemin, ou dans les guesthouses, on finit par se connaître ! On prends des nouvelles du vertige de l’un, des ampoules de l’autre.

Du point de vue logistique, les guesthouses préparent le petit déjeuner et le dîner, et fournissent des paniers repas pour le déjeuner. Autrement dit, il n’y a rien à penser, à part où marcher (et c’est pas très compliqué) et où dormir.

Le dîner dans notre guesthouse à Zhabeshi.

Ces quatre jours ont été une très belle parenthèse. C’est difficile à expliquer, mais les montagnes m’ont immédiatement apaisées. J’étais libre.

Ushguli

Coup de cœur pour ce village, qui marque donc la dernière étape du trek. Attention, qu’on s’entende, le village est minuscule, il n’y a pas grand chose à y faire. Après quatre jours à marcher, c’était juste parfait.

On y croise des vaches, des cochons, des chiens et quelques villageois, quand même. La majorité des touristes ne dorment pas à Ushguli, mais y passent seulement la journée. J’ai adoré cette (presque) solitude, ce calme. J’imagine toutefois que cela n’est pas pour tout le monde.

Il y a tout de même un cinéma à Ushguli. Enfin, des bancs, dans une sorte de cave, un semblant d’écran et des plaids plus que nécessaires pour survivre à la fraîcheur de la nuit ! Nous avons vu le film Dede, tourné en Svanétie, notamment à Ushguli.

Et puis, Ushguli est aussi le point de départ de plusieurs randonnées, notamment une très agréable marche jusqu’au glacier Shkhara. Je recommande de démarrer cette randonnée au lever du soleil, afin de profiter de la solitude (les touristes arrivent à Ushguli en fin de matinée) et surtout, d’un ciel dégagé. Là encore, impossible de se perdre. Il suffit de longer la rivière et, petit à petit, on voit apparaître le glacier.

Nous avons dormi à la guesthouse Mshvidoba. On est accueilli dans le petit jardin par une boisson chaude et une part de gâteau, les chambres sont simples mais propres. Notre hôtesse, véritable héroïne, enceinte de sept mois, nous a préparé un vrai festin pour le dîner. Les plats, fraîchement cuisinés, n’arrêtaient pas d’arriver sur la table. Définitivement notre meilleur repas sur le trek.

Avant Tbilissi, le nécessaire sas de décompression à Mestia

J’avais prévu d’optimiser au maximum mon temps en Géorgie, ne disposant « que » de 10 jours sur place, afin d’en voir le plus possible. J’avais donc réservé un billet pour le train de nuit le soir même du retour à Mestia.

J’ai vite changé d’avis. Je n’apprécie plus courir, me presser. Je préfère en voir moins, mais mieux, profiter du temps passé sur place, m’imprégner des ambiances. J’apprécie la routine, je m’y sens bien. En voyage également, il n’y a rien que j’aime plus que de me créer des habitudes, même si c’est pour quelques jours seulement.

Surtout, après presque cinq jours passés dans la montagne, il m’a semblé tout bonnement impossible de me rendre, sans sas de décompression, dans une capitale. Déjà, le passage de Ushguli à Mestia m’a semblé difficile : trop de monde, trop de bruit, trop de voitures.

J’ai donc passé une nuit et un jour à Mestia, en transition.

L’occasion de tester ses restaurants, notamment l’excellent (et très bon marché) Café Laila.

J’en ai également profité pour me lancer avec l’une de mes comparses sur la randonnée jusqu’aux lacs de Koruldi. Là encore, comparé au trek, j’ai trouvé cette randonnée beaucoup trop fréquentée pour véritablement l’apprécier, même si, arrivée aux lacs (qui sont plutôt des étangs), la vue était splendide.

Après la « bulle » qu’a constitué le trek, ces cinq jours passés en groupe, j’avais soudainement envie de solitude.

Le soir même, j’ai pris une marshrutka en direction de Zugdidi, puis le train de nuit pour Tbilissi.

J’ai partagé une cabine avec trois géorgiens, que je qualifierait de très sonores. En dépit des ronflements et du confort assez sommaire de ma banquette, j’ai relativement bien dormi.

J’ai découvert Tbilissi à 6:25, avec les lumières du matin, mes préférées.

Informations pratiques

Se rendre en Géorgie : J’ai voyagé avec Georgian Airways, la seule compagnie offrant des vols directs Paris – Tbilisi.

Se rendre à Mestia : il y a plusieurs options pour se rendre à Mestia depuis Tbilisi : l’avion, le train et la marshrutka. Le très utile blog Caucasus Trekking décrit les avantages et inconvénients de chacun de ces moyens de transport.

Les randonnées en Svanétie : je me répète, mais le merveilleux blog Caucasus Trekking fournit toutes les informations nécessaires pour randonner en Géorgie, notamment en Svanétie. La rubrique Find the hiking buddy permet de mettre les randonneurs en relation. Je recommande vivement de télécharger l’application Maps.me qui permet d’accéder à des cartes mobiles hors ligne. Le blog Caucasus Trekking permet de télécharger les chemins de randonnée dans Maps.me, ce qui permet de se repérer assez précisément en cas de doute.

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